ébrécher

ébrécher

ébrécher [ ebreʃe ] v. tr. <conjug. : 6>
• 1260; de é- et brèche
1Endommager en faisant des brèches sur le bord. « A-t-il donc ébréché le sabre de son père ? » (Hugo). P. p. adj. « Assiettes ébréchées, verres dépareillés » (France). Dents ébréchées. Pronom. Couteau qui s'est ébréché.
2Fig. et fam. Diminuer, entamer. écorner. Sa fortune est bien ébréchée.

ébrécher verbe transitif (de brèche) Causer une entaille, une cassure sur le bord d'un objet : Ébrécher un verre. Porter atteinte à quelque chose ; diminuer, entamer, écorner : Ébrécher un patrimoine.ébrécher (difficultés) verbe transitif (de brèche) Conjugaison Attention à l'accent, tantôt grave, tantôt aigu : j'ébrèche, nous ébréchons ; il ébréchera. ● ébrécher (synonymes) verbe transitif (de brèche) Porter atteinte à quelque chose ; diminuer, entamer, écorner
Synonymes :
- écorner
Contraires :

ébrécher
v. tr.
d1./d Abîmer en faisant une brèche. ébrécher une tasse.
|| v. Pron. Le couteau s'est ébréché.
|| Pp. adj. Un vieux pot ébréché.
d2./d Fig. Diminuer, entamer. ébrécher ses économies.

⇒ÉBRÉCHER, verbe trans.
Faire une brèche dans quelque chose (cf. brèche1).
A.— [Correspond à brèche1 A]
1. [Le compl. d'obj. désigne une construction] Créer une ouverture, une trouée; causer une détérioration. Deux mauvais pilastres en moellons, que le passage des voitures avait ébréchés, malgré deux morceaux de bois placés en forme de bornes (BALZAC, Chabert, 1832, p. 64) :
1. ... j'avais devant moi une haute croupe noire et pelée, (...) surmontée à son sommet d'une grosse tour en ruine (...). Quatre grands créneaux, usés, ébréchés et changés en triangle par le temps complétaient la sombre silhouette de la tour...
HUGO, Le Rhin, 1842, p. 318.
Emploi pronom. passif :
2. À quelques pas de nous, comme une fente au mur, s'ouvrait dans ses parois [d'un précipice] un interstice obscur, (...) devant cette ouverture, un grand banc de rocher, promontoire du mont plus lent à s'ébrécher, étendait de niveau quelques pieds de surface...
LAMARTINE, La Chute d'un ange, 1838, p. 814.
2. P. anal. [Correspond à brèche1 A 2 b]
a) [Le compl. d'obj. désigne une dent ou la denture] Casser un morceau de dent ou une/des dent(s). Elle se retourna et montra (...) une large bouche où manquait une palette. Il avait fallu la corne d'un taureau pour ébrécher cette puissante denture (FRANCE, Dieux ont soif, 1912, p. 132).
Emploi pronom. passif. Et ma bouche s'ébrèche et mon rire s'édente (RÉGNIER, Jeux rust., 1897, p. 149) :
3. Pour dévorer son cœur jusqu'aux côtes il fouille;
Sa dent, qui sur ses os heurte sans s'ébrécher,
Emporte à chaque coup des lanières de chair...
LAMARTINE, La Chute d'un ange, 1838, p. 1060.
Emploi pronom. réfl. indir. S'ébrécher une dent (Ac.).
b) [Le compl. d'obj. désigne un objet lisse ou tranchant] Causer une brisure, une entaille (cf. bosseler ex. 1). Ébrécher une assiette. Une porcelaine délicate, qui par elle-même est saine, mais que le moindre heurt peut ébrécher, fracasser, ou du moins écailler sans remède (AMIEL, Journal, 1866, p. 527). Le domestique, (...) ébrèche sa faux sur les cailloux (R. BAZIN, Blé, 1907, p. 240) :
4. Du reste, ces sabres [des samourais] seraient les armes blanches les mieux trempées de toute la terre... Ils coupent de gros clous sans que le tranchant soit ébréché.
E. DE GONCOURT, La Maison d'un artiste, 1881, p. 280.
Emploi pronom. passif. La glace du petit salon rouge était fêlée, partout les pots à eau et les cuvettes s'ébréchaient (ZOLA, Terre, 1887, p. 279). Joues creuses et ombrées d'un poil épais et noir où le rasoir s'ébrèche (ARNOUX, Solde, 1958, p. 132).
P. métaph.
♦ [Le compl. d'obj. désigne la voix] Une voix moins coupante, ébréchée par la crainte d'une humiliation inutile (H. BAZIN, Mort pt cheval, 1950, p. 303).
♦ [Le compl. d'obj. désigne une pers.] :
5. On est trop aiguisé, trop affiné! Le moindre heurt nous ébrèche. Quand je médite sur mon honorable personne, je m'étonne qu'elle soit encore vivante! tant elle a vibré et souffert.
FLAUBERT, Correspondance, 1877, p. 23.
Emploi pronom. réfl. J'ai une santé de fer, parce que je ne me suis jamais ébréché qu'au travail des muses (BALZAC, Corresp., 1838, p. 423).
B.— [Correspond à brèche1 B; le compl. d'obj. désigne les biens d'une pers.] Porter atteinte à l'intégrité par prélèvement. La dot d'Agnès, les 200 000 francs donnés cinq ans plus tôt, les secours versés depuis deux ans au ménage avaient ébréché sa fortune (DRIEU LA ROCH., Rêv. bourg., 1939, p. 216).
Rem. Fam. pour Ac.
P. métaph. [Le compl. d'obj. désigne une faculté, un attribut d'une pers.] Causer un tort, un dommage. Cette expérience, cette épreuve de ce matin d'hiver a ébréché la solidité de ma foi (ARNOUX, Roy. ombres, 1954, p. 55) :
6. Je veux des travaux qui me laissent du temps pour les vers, du temps pour la politique, du temps pour la philosophie, (...) et cependant de l'argent pour vivre. (...) J'ai des offres magnifiques, mais la liberté d'action et d'opinion serait ébréchée.
LAMARTINE, Corresp., 1835, p. 162.
Emploi pronom. passif. Ma perfection s'était ébréchée; j'étais incertaine de moi-même, et vulnérable (BEAUVOIR, Mém., j. fille, 1958, p. 113).
Prononc. et Orth. :[], (j')ébrèche []. Voyelle de syllabe finale du rad. nu demi-longue ds PASSY 1914. Se conjugue comme céder. Enq. :// (il)ébrèche. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1260 œuvre esbrechiee (E. BOILEAU, Métiers, 185 ds T.-L.). Dér. de brèche; préf. é-; dés. -er. Fréq. abs. littér. :30.
DÉR. 1. Ébrèchement, subst. masc. [Le compl. du nom désigne une construction] État de ce qui est ébréché (cf. brèche1 A). L'ébrèchement des murs. Les propriétés mitoyennes ne montrent que leur fond; trois grands murs aveugles, avec des ébrèchements de poutres et de meulières (FRAPIÉ, Maternelle, 1904, p. 11). []. 1re attest. av. 1623 esbrechement (de la réputation) (N. PASQUIER, Le Gentilh., p. 145 ds GDF. Compl.); du rad. de ébrécher, suff. -(e)ment1. Fréq. abs. littér. : 1. 2. Ébréchure, subst. fém. [Le compl. du nom désigne un objet lisse] Endroit où il est ébréché (cf. brèche1 A 2 b). Les ébréchures des porcelaines précieuses (DRUON, Gdes fam., t. 2, 1948, p. 231). []. Ds Ac. 1932. 1re attest. 1873 les ébréchures du marbre (ZOLA, Ventre Paris, p. 656); du rad. de ébrécher, suff. -ure. Fréq. abs. littér. : 2.

ébrécher [ebʀeʃe] v. tr. [CONJUG. céder.]
ÉTYM. 1260; de é-, brèche, et suff. verbal.
A
1 Endommager en faisant des brèches, des entailles sur le bord ( Endommager; écorner, entamer). || Ébrécher un couteau, un rasoir, un sabre. || Ébrécher un verre.
1 A-t-il donc ébréché le sabre de son père ?
Hugo, les Orientales, VII, 1.
(Au sens initial de brèche). || Portail, montant, pilastre que des voitures ont ébréché.
(Faux pron.). || S'ébrécher une dent. Casser.
2 Endommager (qqch.) en cassant une ou des dents. || Ébrécher une scie.
B Abstrait. Rendre incomplet, diminuer par des prélèvements anormaux. Amoindrir, dégrader, diminuer, écorner, endommager, entamer, mutiler. || Ébrécher sa fortune par de grandes dépenses. || Cette erreur a ébréché sa réputation.
——————
s'ébrécher v. pron.
1 Être ébréché. || Couteau qui s'ébrèche contre un corps dur (→ Aride, cit. 6).
2 Durandal, à tuer ces coquins s'ébréchant,
Avait jonché de morts la terre, et fait ce champ.
Hugo, la Légende des siècles, XV, 11.
2 Fig. Se dégrader. || Sa réputation s'ébrèche.
——————
ébréché, ée p. p. adj.
1 Qui présente des brèches sur le bord. || Couteau ébréché, lame ébréchée. || Plats, assiettes, verres ébréchés (→ Couper, cit. 25.3). || Un vieux pot à eau, fêlé et ébréché. || Statue ébréchée. Détériorer (p. p.). || Dents ébréchées, cassées.Glaive, sabre ébréché.
3 Dieu vous a remis le glaive de sa puissance et celui de sa justice, prenez garde de les lui rendre ébréchés (…)
Chateaubriand, les Natchez, II, 212.
4 (…) de ces dents désordonnées, ébréchées çà et là, comme les créneaux d'une forteresse (…)
Hugo, Notre-Dame de Paris, I, V.
5 Par vous, Naïades ébréchées,
Sur trois cailloux si mal couchées (…)
A. de Musset, Poésies nouvelles, « Sur trois marches… ».
6 (…) une petite table graisseuse, sur laquelle traînait un pot à eau ébréché.
Zola, l'Assommoir, t. I, p. 2.
Scie ébréchée, qui a perdu une ou plusieurs dents.
Par anal. Qui présente des brèches, des cassures. || Montagne, crête ébréchée. Crénelé (→ En dents de scie).
7 (…) l'hôtel du comte d'Étampes, dont le donjon, ruiné à son sommet, s'arrondissait aux yeux, ébréché comme une crête de coq (…)
Hugo, Notre-Dame de Paris, III, II.
2 Abstrait. Dégradé, diminué. || Fortune ébréchée. Entamé. || Réputation ébréchée.
CONTR. Affûter. — Réparer. — (Du p. p.) Intact.
DÉR. Ébrèchement, ébréchure.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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